Tête de jeune martyre : Portrait
de Laure Malézieux. Dessin. Présenté
au Salon de 1882. Commenté dans le journal de Saint-Quentin
du 14 mai 1882 : « Avec la Jeune Martyre, je crains
que Melle Laure Malézieux n’ait un peu forcé
une note que je ne puis m’empêcher de trouver
un peu monotone. Sa jeune martyre est littéralement
effrayante, la bouche ouverte, les yeux hagards, les traits contractés,
elle semble se débattre dans une agonie convulsive.
Ce n’est pas la pitié, c’est la terreur
qu’elle éveille. Qu’on me permette maintenant d’ajouter
que si je discute l’idée, la conception de l’artiste,
je me plais à rendre hommage à son talent
et à la supériorité de son exécution.
»
« Nous nous sommes arrêté avec une sympathie bien sincère
devant les œuvres signées du nom de mesdemoiselles
Malézieux. Nous savons en quel honneur
on tient le culte du beau dans cette famille si honorable
et si distinguée. L’art, dans son acception
la plus élevée, y compte de fervents et purs adeptes, dont les
précieuses aptitudes se développent et s’entretiennent
à un foyer constamment renouvelé.
Les études de Mme Laurence
Malézieux-Laugée (épouse de Joachim
Malézieux, Architecte), le portrait
de Melle M… par Melle Caroline Malézieux,
la tête
de jeune martyre, si expressive, si vraie et si touchante, par Melle Laure
Malézieux, sont des œuvres parfaitement
réussies, dont on peut louer sans réserve l’exécution
consciencieuse et véritablement artistique.
Nous comptons bien revoir au salon de l’année
prochaine, et applaudir, comme elles le méritent, ces trois jeunes
artistes, qui portent si dignement un nom respecté.
»
Edmond Delière, Le Guetteur, 14 juin
1882.
Commentaire de Louis
Albin dans le Glaneur du 18 mai 1882 : « L’expression
donnée par Melle Laure Malézieux au visage
de sa « jeune martyre » est si véritablement
douloureuse, que l’on souffre à le regarder. Les traits sont
tirés, la bouche s’ouvre pour laisser passer une plainte….
ou un acte de foi, et des grands yeux ouverts où la
souffrance de la chair a mis des larmes, s’échappe un rayonnement
qui semble illuminer toute la toile. Cette toile
nous rappelle un peu « l’Extase
» de Melle Caroline Malézieux. Là comme
ici, c’est une femme qui oublieuse de son moi humain,
laisse son âme s’envoler, la martyre au ciel
religieux, l’extasiée au ciel
du rêve. »