L’Extase : Fusain de Caroline
Malézieux. Présenté au Salon de Paris
de 1881. Collection Privée. Nous n'avons malheureusement pas de trace
de cette oeuvre.
Commentaire de Louis
Albin dans le Glaneur de Saint-Quentin
du 14 mai 1881 : « Melle Caroline Malézieux
expose, sous le N° 3100, le saisissant fusain
que nous avons vu l’an dernier, à Saint-Quentin,
l’Extase. Le regard aux yeux fixes
de cette jeune femme suivant dans l’infini le rêve de son cœur
ou le désir de sa pensée, possède une puissance d’expression
inouïe. Nous avions dit ce que nous pensions de cette œuvre
qui, dans sa force calme, avec sa modeste allure, attire, surprend et retient,
sans avoir besoin pour produire son effet de la magie de la couleur. Il y
a là une âme, il y a là une passion.
Passion religieuse ou terrestre,
qu’importe ? Elle existe et se traduit et se dénonce par l’ineffable
rayonnement des yeux. Que ce soit une fanatique aspirant
au ciel, que ce soit une amoureuse aspirant
à lui, l’extasiée cache sous la pâleur
mate de son visage, sous l’apparente tranquillité
de ses nerfs, une puissance de vie et de sentiment
qui éclate superbement dans l’expression qu’une
main savante a su donner à ses traits.
Seule, une femme pouvait atteindre à cette perfection de rendu moral,
seule, une femme pouvait donner à un froid dessin
cette acuité, cette intensité psychologique.
Aussi, comme nous comprenons que le jury d’admission
ait tout spécialement remarqué cette œuvre
hors ligne ! »
Commenté dans le Journal de Saint-Quentin du 20
mai 1881 : « L’Extase, étude au fusain
de Melle Caroline Malézieux, est un petit chef-d’œuvre
de délicatesse et de poésie
: c’est bien là la figure timide, l’âme
douce et aimante susceptible des austères émotions
de l’extase. Quand à l’exécution
matérielle, Melle Caroline Malézieux
a tiré du fusain un parti presque invraisemblable
; il faut voir ce fond noir, mât comme si la brosse
y avait passé, cette pureté de lignes et de contours
qu’aucun artiste ne désavouerait ; il faut surtout,
pour bien juger cette œuvre, se rendre compte des difficultés
du travail au fusain. Au double point de
vue de l’art et du dessin, je ne fais
que constater un fait en vous disant que l’Extase a
été l’une des œuvres de ce genre,
les plus visitées et les plus regardées. »