Crédit photographique : M.P.2004.17.252 photo Michel Bourguet - Musée de Picardie
La mort de David Rizzio (1566) : Peinture de
Désiré François Laugée. 1849.
Huile sur toile 145,6 X 114,2 cm. Musée
d’Amiens. Cette toile est réalisée sur le tableau présenté pour le Grand Prix de Rome de 1846 : la Maladie d'Alexandre où Désiré Laugée est arrivé dernier. L'analyse radiographique du tableau laisse deviner les traits du premier dessin.
David Rizzio, musicien piémontais, s'était insinué à la cour, moins par ses talents que par son adresse. Marie l'avait choisi pour son secrétaire et comblé de biens. On persuada au roi que Rizzio était l'auteur du refroidissement de la reine; ce soupçon ridicule était propre à faire une terrible impression sur un cœur déjà ulcérée. Les seigneurs mécontents, après avoir déterminé à la vengeance le prince jaloux, s'offrirent à en être les exécuteurs. Un jour que la reine était à table avec Rizzio et quelques autres personnages de sa maison, ils entrent le poignard à la main, se jettent sur ce malheureux, le traînent dans l'antichambre, se disputent à qui lui fera le plus de blessures. Marie supplia qu'on épargnât la vie de Rizzio, et mêlant ses prières de cris et de larmes jusqu'au moment où elle fut assurée qu'il n'existait plus : "Maintenant, dit-elle, je songerai à le venger." (Histoire d'Angleterre.)
Acquis par l’Etat. Conservé au Musée
d’Amiens. Oeuvre exposée au Salon des Artistes Vivants de 1849 et au Salon d'Amiens de 1853.
Dans sa Mort de Rizzio, M. Laugée montre de la chaleur, de l'énergie, mais peu de goût et un dessin souvent incorrect.
Journal des Beaux art et des arts industriels, Salon de 1849. 29/07/1849.
Devant le tableau de M. Laugée, Meurtre de Rizzio, nous nous sommes
pris à songer à l'assassinat du duc de Guise, de P. Delaroche, et nous
pensions, à part nous, que le grand artiste avait sagement combiné sa
composition, en ne nous faisant point assister à l'action même du meurtre,
mais à ce qui le suivit immédiatement ; il a ainsi évité cette sorte d'horreur qui saisit à l'aspect du tableau de M. Laugée, où l'on voit un homme
seul et sans défense, sous les yeux même de la femme qu'il aime, se
convulsionner dans les étreintes de la mort et sous le poignard d'une
troupe d'assassins qui se disputent, dit le livret, à qui lui fera le plus de
blessures. Nec pueros coram populo Medea trucidet, a dit Horace, et c'est un sage précepte que nos artistes, nos littérateurs
devraient plus souvent mettre en pratique. — A part cette critique, qui
est toute de théorie, nous louons pleinement la composition et l'exécution
de cette toile, don du gouvernement à la ville d'Amiens.
A. Dutilleux - Gazette des Beaux-arts à propos de l'Exposition d'Amiens de 1853.