Pierre et Paul : Fresque de Désiré
François Laugée représentant Pierre
et Paul au pied du Christ Glorieux
mais adossé à sa croix et surmonté de
Dieu le Père (peint par Levau)
avec la mention : « Je suis celui qui Suis ». 1859. Cette fresque
se trouve dans la Basilique de Saint-Quentin
dans la Chapelle Saint Pierre Saint Paul. Cette fresque
a été restaurée en 2005.
Dans le Moniteur Universel du 23 janvier 1875, Gustave
Demoulin commente ainsi cette œuvre : «
Parmi les chapelles achevées, deux arrêtent
surtout notre attention par les peintures murales qui les
décorent. Dans la chapelle Saint Pierre du chœur…….sur
le mur face à l’autel sont deux peintures remarquables
par Laugée : la dédicace de la chapelle et dans l’ogive, un Saint Pierre glorieux.
Dans la chapelle Saint Pierre et Saint Paul de la nef,
M. Laugée a peint, sous un Père
Eternel bénissant de M. Levau, un Christ
glorieux appuyé contre le croix,
ayant à sa droite et à sa gauche Saint Pierre et Saint Paul agenouillés.
Les peintures dont M. Laugée a illustré ces deux chapelles sont dans le véritable esprit de l’art décoratif et dans le vrai sentiment religieux. En présence de ces ouvrages,
on peut répéter ce qui a été dit dans ce journal même, à propos des peintures qu’il a faites
à l’église Sainte Clotilde : «
Monsieur Laugée est un héritier légitime de Flandrin. »
Ces compositions sont encadrées dans un décor
d’un bon style qui obéit aux intentions de l’architecture.
»
Jules Renoult dans la Revue de Toulouse et du Midi de la France écrit, à propros de l'exposition des cartons préparatoires à cette fresque : "Il nous a été donné de voir, chez deux artistes de talent, MM. Leveau et Laugée, les cartons d'une chapelle dédiée à Saint Pierre, que ces messieurs décorent en ce moment dans la cathédrale de Saint-Quentin.
Comme l'exigeait le style de l'église à laquelle ils destinaient leurs compositions, MM. Leveau et Laugée ont adopté les fonds d'or dont Cimabue apprit l'usage en voyant travailler les artistes grecs appelés à Florence, dans la seconde moitié du treizième siècle, pour décorer Sainte-Marie-Nouvelle. Mais au lieu de pousser l'amour de l'archaïsme jusqu'à la suppression de la perspective et du raccourci, comme l'ont maladroitement fait quelques-uns de nos contemporains, MM. Leveau et Laugée ont appliqué au style des vieux peintres italiens la science et les procédés de la peinture moderne. C'est sur le mur même et à la cire que les artistes exécutent les travaux dont nous allons essayer de donner une idée.
M. Leveau a divisé le côté de chapelle dont il s'est chargé en trois compositions superposées les unes aux autres. Au-dessus de l'autel, il a représenté la vocation de Saint Pierre; au milieu, la conversion du Centenier; en haut, dans l'ogive irrégulière qui couronne la chapelle, le Christ glorieux et couronné du nimbe byzantin. Ces peintures devront s'accorder à merveille avec l'ordonnance majestueuse de la vieille église gothique, par la simplicité des lignes et la sobriété des mouvements, et M. Leveau y a déployé toutes les qualités d'agencement, de noblesse et d'élégance que nous lui connaissions et que nous retrouvons dans l'Education de la Vierge, toile de grande dimension que ce laborieux artiste prépare pour le prochain Salon.
M. Laugée avait à décorer, pour sa part, une ogive dont la hauteur comportait deux compositions. En haut, Saint Pierre glorieux tient la clef qu'il a reçue du Christ; au-dessous, l'artiste, s'inspirant de la donnée gothique, a figuré la dédicace de la chapelle. L'archidiacre, en grand costume, présente au Saint le modèle en relief de la chapelle restaurée. Autour de l'autel sont groupés des personnages représentant le conseil de fabrique, et les artistes qui ont concouru à l'œuvre. Ces deux compositions se recommandent par un style élevé et une certaine originalité résultant de l'introduction du costume moderne dans une composition de style archaïque. Sachons-lui gré de n'avoir pas tourné la difficulté et surtout de ne pas avoir affublé ses personnages de ces costumes impossibles qui ne sont d'aucune époque et ne peuvent cadrer avec la gravité de la peinture religieuse.
M. Laugée, du reste, nous a depuis plusieurs années habitué a compter avec lui. Auteur du Lesueur chez les Chartreux, tableau qui figure avec honneur au Musée du Luxembourg, du Christophe Colomb développant aux moines d'une abbaye son système d'équilibre de la terre, de Sainte Elisabeth de France à l'abbaye de Longchamps, et d'un assez grand nombre de compositions champêtres où le Réalisme, pris dans la bonne acception du mot, se joint au piquant des effets étudiés sur nature, M. Laugée a le don d'attirer aux expositions un public nombreux et sympathique. — Nous avons dit déjà, à cette place même (tome V de la Revue, p.45), à quel point M. Leveau possède le sentiment religieux et avec quel bonheur il sait l'introduire dans ses compositions. On comprendra ce que pourra être une chapelle décorée par des artistes de cette valeur, et il est à espérer que la ville de Saint-Quentin ne s'en tiendra pas à une seule chapelle, et que cet heureux essai l'engagera à faire faire aux deux jeunes peintres, à qui elle a donné le jour, le tour de sa magnifique cathédrale." Jules Renoult - Revue de Toulouse et du Midi de la France, 1858, Toulouse.
Cette oeuvre est difficilement accessible dans la la Basilique
de Saint-Quentin en raison de la présence d'un kiosque
de vente, dans la chapelle où elle se trouve, qui
empêche tout recul pour la photographier. Une photo plus droite a cependant pu être prise, ci-dessous.