Une jeune fille de Picardie : Peinture
de Désiré François Laugée. Présentée
au Salon des Beaux-Arts de 1869.
Dans Le Glaneur de Saint-Quentin du 1er
juin 1869, Valere commente ainsi ce tableau : « …Voici une charmante toile, qui vous attire
par je ne sais quel prestige fascinateur : cela est intitulé
Une Jeune fille de Picardie. Il y a sur cette physionomie un éclat de beauté sauvage et de verdeur rustique,
d’une grâce toute particulière ; la couronne de
feuillage, entourant les tresses d’un noir ébène,
rappelle involontairement à la pensée les druidesses qui vivaient dans les forets touffues de la Gaule antique.
C’est un mélange de l’âcreté du fruit vert
avec la fraîcheur d’une eau courant à travers bois ; le
dessin en est méticuleux, la couleur vivace, la touche
ferme et robuste. »
Dans le Glaneur de Saint-Quentin du 2 juin
1869, Gustave Demoulin commente ainsi cette œuvre : « La Jeune fille de Picardie, que M. Laugée a envoyé au Salon avec sa Pia
Dei Tolomei, paraît plutôt appartenir aux campagnes de Rome qu’au canton du Catelet.
Ce type a été pour le peintre une heureuse rencontre, et son œuvre est une véritable
trouvaille. C’est une étude enlevée un
matin d’un coup de brosse, sous l’influence d’un
beau rayon de soleil et d’inspiration.
L’artiste a bien fait de l’exposer à l’état d’esquisse ; elle était
si bien venue du premier jet, sans préméditation et sans travail,
que toute retouche pouvait nuire à ce petit chef-d’œuvre.
»
Dans la Revue Les Beaux Arts (de Rouen) Alfred Darcel écrit à propos du Salon de 1869 : « on remarquera la solidité de la tête de la
Jeune fille de Picardie de M. Laugée,
une jeune vachère d’un caractère singulier
qu’il a transformée en druidesse, en ceignant
ses cheveux noirs d’une tige de verveine, et en revêtant
son buste d’une tunique grise. Avec
son nez aplati et sa bouche lippue, cette fillette n’est pas belle,
mais l’œil est d’un beau dessin, grand,
ouvert sous l’arcade sourcilière, et quelque chose de mystérieux en même temps que volontaire se dégage de cette physionomie
poétisée par l’art,
et qui rayonne dans l’ombre de la demi-teinte qui l’entoure. »