Pèlerins : Peinture de Désiré
François Laugée. Huile sur toile. 1884. 101 x 141 cm.
Oeuvre présentée au Salon des Artistes Français, à l'Exposition de Rouen de 1884 ainsi qu'au Salon de Lyon de 1885
Décor de moyen-âge, trois personnages :
le père avec son bâton de pèlerin et
une tête ascétique et croyante ; la mère, sentimentale et inspirée appuyée
sur les épaules d’un enfant brillant de santé aux joues
roses.
Commentaire de Louis
Albain dans Le Glaneur du 9 octobre 1884 : « Trois
pèlerins, un homme, une femme, un enfant, en pieuse contemplation devant quelque sainte image.
Ils ont l’air bien minable, les pauvres gens, dans leurs lourds vêtements
en loques que les baisers tristes de la pluie et les brûlantes caresses
du soleil ont décolorés. La route a été longue,
pénible, mais soutenus par leur foi naïve et superstitieuse, ils
ont marché, marché quand même, marché toujours
– et les voilà. Leurs pauvres visages émaciés,
leurs membres amaigris font pitié à voir. La mère, qui
n’en peut plus, s’appuie doucement sur les épaules de son
fils et incline douloureusement la tête. L’expression du regard est très pénétrante. Le père
à barbe grise se tient plus droit appuyé sur son bâton
de voyage et l’enfant regarde curieusement la fresque : un peu bien rose, le petit, après d’aussi longues fatigues.
La couleur est gaie si le sujet ne l’est pas et nous
retrouvons là les teintes, douces à l’œil, préférées
du maître dans ce genre de toiles. Mais où est la mâle
énergie, la magistrale robustesse du « Truand » ? Dans les deux « faire » de M. Laugée,
nous préférons de beaucoup ce dernier. Il est vrai que d’autres
amateurs ont un faible pour le premier, ce qui nous autorise
à dire que, grâce à son merveilleux talent,
M. Désiré Laugée peut, faisant puissant
ou faisant joli, satisfaire tout le monde. »
Une autre toile cependant, bien que, par sa composition, elle soit plutôt une œuvre de genre, me parait pouvoir être rapprochée de celle de M. Flandrin ; ce sont les Pèlerins de M. D. LAUGÉE (367), qui donnent, dans une autre note, l'expression des mêmes sentiments.
Deux vieilles femmes sont debout devant la madone; l'une a à la main le bâton du voyage ; l'autre, le dos courbé, s'appuie sur les épaules d'un enfant placé devant elle. On sent dans leurs membres alourdis la longueur de la route, dans leurs yeux rougis par les larmes, humblement levés vers la Vierge qu'elles sont venues vénérer, l'ardeur confiante de leur foi. C'est là encore, dans un cadre plus restreint, de la grande et noble peinture.
Salon de Lyon 1885.