Articles
du Guetteur
Les salons de 1880 et 1883 :
Extraits du journal Saint-Quentinois
Le Guetteur commentant les œuvres
exposées de Caroline
Malézieux. Albert
Malézieux, le frère aîné
de Caroline a épousé Marie
Albin la fille du rédacteur
en chef du journal Le Guetteur.
Chronique Locale
Nos artistes au salon
Le Guetteur 22/05/1880
3ème article.
Mlle Caroline
Malézieux expose sous le n°3100,
le saisissant fusain que nous
avons vu l’an dernier à Saint-Quentin,
l’Extase.
Le regard aux yeux fixes de cette jeune femme
suivant dans l’infini le rêve de son
cœur ou le désir de sa pensée,
possède une puissance d’expression
inouïe. Nous avons déjà dit
ce que nous pensions de cette œuvre
qui, dans sa force calme, avec sa modeste allure,
attire, surprend et retient, sans avoir besoin
pour produire son effet de la magie de la couleur.
Il y a là une âme, il y a là
une passion. Passion religieuse ou terrestre,
qu’importe ! Elle existe et se traduit et
se dénonce par l’ineffable rayonnement
des yeux ; que ce soit une fanatique aspirant
au ciel ; que ce soit une amoureuse aspirant à
lui, l’extasiée cache sous l’apparente
tranquillité de ses nerfs, une puissance
de vie et de sentiment qui éclate superbement
dans l’expression qu’une main savante
a su donner à ses traits. Seule, une femme
pouvait atteindre à cette perfection de
rendu moral, seule une femme pouvait donner à
un froid dessin cette acuité,
cette intensité psychologique.
Aussi, comme nous comprenons que le jury d’admission
ait tout spécialement remarqué cette
œuvre hors ligne !
Mlle Caroline
Malézieux a de plus envoyé au
Salon de Paris, une toile
que nous trouvons sous le n°1513. C’est
le Portrait de Mme M….
Disons de suite que la ressemblance y est et que
l’exécution bien que fine et délicate
se teinte d’une pointe de naturalisme
– dans le sens élevé du mot
– qui donne à l’ensemble un
agréable relief. Peut-être
voudrions nous plus de mouvement dans le modelé,
mais tel qu’il est, le Portrait
de Mme M… comporte des qualités
sérieuses et nous montre, sous une face
que nous ne connaissions pas encore, le beau talent
de l’artiste.
Salon de 1883
Le Guetteur 18/05/1883
Mademoiselle Caroline
Malézieux ne dessine pas, ne peint
pas par désoeuvrement comme tant d’autres.
Elle obéit à sa nature d’artiste,
à sa vocation à laquelle elle ne
peut échapper et qui se développe
sans sollicitations et sans maître.
Le Portrait de Mme M…
dont nous avons loué ici le mérite
a son pendant au Salon. Le
Portrait de M. M… possède
les mêmes qualités
avec un accent de plus. Il y a dans la physionomie,
dans le regard, une vérité, une
expression, toutes particulières et toutes
personnelles.
Nous regrettons pour ce portrait
de Mlle Caroline
Malézieux, comme pour les deux tableaux
de M. Henriet, qu’il soit
placé presque hors de la portée
de la vue et qu’on ne puisse y remarquer
la finesse d’exécution
qu’à coups de lorgnette.
La Société des Artistes
Français qui règne et gouverne
au Palais des Champs-Élysées,
affranchie de la tutelle de l’Etat, devrait
bien, ne fût-ce que par esprit de corps,
prendre plus de souci des intérêts
des artistes. Les règles
les plus élémentaires de l’hospitalité
commandent aux organisateurs de donner une place
convenable à ceux qu’ils ont crus
dignes d’être admis chez eux.
20/05/1883
Le Guetteur
Nous avons retrouvé dans
la galerie des dessins,
un fusain de Mlle Caroline
Malézieux ; c’est une tête
de jeune fille qui pense ou plutôt
qui rêve ; l’expression en est heureuse
et bien rendue. C’est de plus un bon portrait,
c'est-à-dire un portrait
bien interprété.
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