La Fileuse : sculpture de Charles Antoine Armand Lenglet. Marbre, ivoire et carton pour la bobine. 1847. Musée Antoine Lécuyer de Saint-Quentin. Salon des Artistes Vivants de 1847.
Depuis 1850, le musée municipal accueillait une autre sculpture de l'artiste, Une Fileuse, qui lui avait valu une médaille de 3e classe lors de son exposition à Paris au Salon de 1847. Profitant de la politique du gouvernement favorable aux arts, consécutivement à la Révolution de 1848, le Conseil municipal de Saint-Quentin sollicita l'oeuvre de Lenglet par une supplique du 12 novembre 1849 adressée au ministre de l'Intérieur et conservée aux Archives nationales : "Nous serions très heureux d'orner notre musée de sa fileuse qui, par une naïve allégorie, rappellerait, le dimanche, à plus d'un visiteur, les travaux auxquels il doit ou le pain de sa famille ou son opulence. Cette sculpture deviendrait donc le symbole, les armes parlantes, en quelque sorte, de notre industrieuse Cité". Saint-Quentin était alors le théâtre d'une florissante industrie textile (le père de Lenglet était lui-même fabricant de toile). Consulté le 14 fèvrier 1850, l'inspecteur général des beaux-arts J. Garraud estima : "C'est une charmante statue exécutée avec talent. Les extrémités sont traitées avec soins et beaucoup de finesse, l'ensemble général de cette figure est d'une grande naïveté, c'est du reste l'oeuvre d'un artiste encore jeune qui mérite la bienveillance de l'administration". Fort de cet avis, Charles Blanc, le directeur des Beaux-Arts la fit acquérir pour la somme de 6000 francs par un arrêté du 27 avril 1850 et l'envoya à Saint-Quentin. Emblématique de l'activité de la Ville, elle fut sans doute la première sculpture du musée municipal et subit toutes les vicissitudes de l'Histoire ; pendant la guerre de 1914-1918, elle était installée dans la cour du musée, comme en témoigne une carte postale ancienne.
La restauration qui vient de s'achever, a redonné tout son éclat à la statue. Le marbre blanc a retrouvé sa blancheur originelle grâce à un délicat nettoyage tandis que l'auriculaire de la main droite de la Fileuse et les deux extrémités de sa quenouille, retrouvés dans la réserve du musée, ont été refixés, pour une meilleure compréhension de l'oeuvre. A cette occasion, nous avons pu constater qu'a l'origine, la sculpture n'était pas entièrement blanche : au sommet de la quenouille, la touffe de laine (la source de prospérité) porte encore des traces de dorure. La statue est à redécouvrir dans le hall du Musée Antoine Lécuyer.
Hervé CABEZAS, Conservateur du Musée Antoine Lécuyer,
7 octobre 2003.