Underdendam : nouvelle composée en 2003 par Jérémie
Pierre Jouan. Cette nouvelle est un clin d'oeil au village d'Underdendam
au nord est de la Hollande, près de Groningen.
L'histoire ci-dessous est romancée, mais historique.
Underdendam
Nous participions, pour la deuxième fois, à la prestigieuse course cyclotouriste
Douai-Underdendam. Nous avions à parcourir, en sept jours, un millier de kilomètres
à travers la plaine du Nord, en passant, non par la Lorraine, mais par les
Ardennes belges, L’Escaut, Le Brabant, le Flevoland, Groningen puis enfin
Underdendam, aux portes du Danemark.
Cette épreuve sportive était tout à fait étrange : elle se
terminait dans un hameau, le long d’un canal déserté, devant un café chaud
et un pan cakes au sirop d’érable. Son principe reposait sur l’endurance physique
: les coureurs s’affrontaient en binôme, transportant sur leurs vélos tout
le matériel nécessaire pour vivre et dormir, le plus souvent à la belle étoile.
L’on devait également effectuer impérativement six haltes, distantes chacune
de cent-cinquante kilomètres. Un ticket d’achat effectué dans le même village
la veille et un autre, le lendemain, apportaient la preuve du passage et de
la nuitée et permettaient de contrôler les itinéraires choisis. Ceux-ci étant
à la convenance du binôme.
Nous avions donc arrimé sur nos porte-bagages le strict minimum
: une tente, une batterie de cuisine complète pour deux, des changes pour
cinq jours, des pièces de rechange en cas d’accident, des cartes routières
précises, des livres, une pharmacie, des bidons d’eau, des sacs de couchages
et quelques menus objets utiles et inutiles.
Chaque bicyclette était minutieusement pesée par les organisateurs
et devait impérativement dépasser les vingt-cinq kilogrammes de charges. Les
montures que nous utilisions étaient de vrais monstres, si l’on peut accepter
ce terme pour qualifier la simplicité de nos moyens de transport. Les cadres,
énormes, fixés à d’imposantes roues, aux pneus renforcés, ajoutaient à la
fatigue qui nous attendait. L’assistance de proches étant rigoureusement interdite,
seuls des inconnus croisés sur la route pouvaient améliorer notre ordinaire.
En dehors de ces quelques contraintes, tous les coups étaient
permis. Il allait aussi de soi, par respect sportif, de ne pas profiter des
avantages d’une quelconque motorisation. Ainsi, en ce lundi 1er août, nous
nous rendîmes, vers sept heures, au lieu de rendez-vous, la gare ferroviaire
de Douai.
De nombreux sportifs avaient revêtis des maillots aux couleurs
de marques, souvent alimentaires. D’autres, comme nous, courraient sous la
blanche et limpide bannière des inconnus. Nous portions le dossard dix-huit,
et nous mîmes en position quand, vers la demie, l’ordre en fut donné.
Il devait être moins le quart lorsque le coup de sifflet
retentit, brisant les tympans de la plupart d’entre nous. Les plus rapides
décollèrent vers l’horizon gris des derniers terrils français. Ils avaient
déjà, pour la plupart, quitté la ville, lorsque nous nous engageâmes sur un
petit sentier que nous avions repéré et qui permettait de contourner une zone
urbaine où, habituellement, l’on s’empêtrait. Le soleil doucement se levait,
inondant de lumière des champs de jachères, de sinistres villages et des vestiges
de l’industrialisation locale du dix-neuvième siècle.
Depuis plus d’une heure que nous roulions, dans le silence
de la campagne, nous avions passé la première frontière et tentions de comprendre
le système belge de signalisation. Nos cartes n’indiquaient les chemins que
nous rencontrions, et ceux qui y figuraient ne se trouvaient pas.
Connaissant la charmante fantaisie de nos chers voisins dans
ce domaine, nous avions résolu de nous diriger vers le nord-est. C’est donc
à la boussole que nous suppléâmes les étonnantes informations que nos carnets
routiers nous fournissaient. Ainsi, parfois, nous avions la désagréable surprise
de suivre une route nationale passante – les camions roulant à vive allure
se contorsionnaient entre les chicanes pour nous éviter - ou de nous retrouver
sur une bretelle d’autoroute particulièrement mal indiquée. Mais la beauté
des paysages wallons et flamands, la fraîcheur de l’Escaut et le calme des
pistes atténuaient la raideur de l’information.
Nous remontions le fleuve, nous dirigeant toujours vers «
le haut » de la carte. Peu nous importait le sens de l’eau, seuls ces tracés
à l’encre, rectilignes ou arrondis, conservaient toute notre attention. Notre
vitesse, constante, oscillait entre les vingt-cinq ou trente kilomètres heure.
Le poids que nous supportions excédait les cent kilogrammes par véhicule.
Nous nous étions préparés pour une stratégie de vitesse qui
consistait à conserver une même dynamique durant toute l’étape. Ainsi un relais
avait été mis en place : celui qui ouvrait la marche – et qui maintenait bas
son regard, pour n’être découragé d’une côte ou d’une distance – pouvait,
dès qu’il le ressentait, céder sa place au deuxième. Le premier, alors s’écartait,
cessant momentanément de pédaler, puis une fois doublé, se plaçait alors dans
la roue de son compagnon, évitant ainsi les trop forts appels d’air, tout
en s’en servant pour être entraîné par son prédécesseur. Ainsi l’équipage
pouvait parcourir l’étape en limitant au maximum la fatigue, étant bien entendue
que cette opération se répétait à chaque baisse de régime.
La journée était bien entamée, quand soudain se profila,
au loin, l’imposant beffroi de Gand. Nous devions quitter les berges un peu
avant la ville, évitant avec soin le vrombissement de ses voitures. Ne trouvant
la route, que notre carte indiquait cependant, nous nous adressâmes à un autre
cycliste, autochtone, qui venait à notre rencontre. Il nous étudia avec insistance,
avant de nous demander si, par hasard, nous n’étions pas belges. Après lui
avoir décliné notre nationalité, il partit d’un rire goguenard, puis s’excusa.
Reprenant subitement son calme, il nous indiqua la direction, que nous empruntâmes
sur-le-champ. Rapidement, néanmoins, nous nous étonnâmes que notre boussole
n’indiquât qu’un maigre sud-ouest. Nous rebroussâmes chemin, en pensant aux
flamands roses, ces jolies bestioles, qui donnent, dans ce pays, des envies
de meurtres. Notre détour obligé restait acceptable, ne dépassant les vingt
kilomètres.
Nous devions éviter autant Gand qu’Anvers. Nous avions décidé
de passer au sud de ces deux villes. Lors de la précédente édition, notre
choix contraire nous avait porté le long de digues venteuses, traversant des
déserts de polders colonisés de redoutables moustiques. En prenant par Mechelen,
nous pouvions, serrant toujours les hauts fourneaux d’Anvers, atteindre les
abords de Tilburg, vers Rotterdam, sans trop d’encombres. Cette solution nous
rapprochant de la civilisation nous semblait la meilleure. C’était sans compter
sur l’imagination des sujets du roi.
Suivant un autre canal, nous nous attendions dans les kilomètres
qui suivaient à traverser un pont, nous permettant de couper vers Breda, en
Hollande. Nous chevauchions, concentrés la piste mouillée, cherchant au passage
un endroit où s’arrêter, pour déjeuner. Après de brefs échanges, nous choisîmes
de manger sur l’autre rive. Ce pont ne devait plus tarder.
Mais la route s’allongeait, tandis qu’à nos côtés coulaient
lentement quelques péniches sur les flots plats du pays. Plus loin, un obstacle
les obligerait à manœuvrer. Nous ralentîmes exceptionnellement pour assister
à ce spectacle. Une étrange construction, une tour pleine, sortait subitement
de l’eau, en son milieu. Les curiosités touristiques ne manquant pas dans
cette contrée, nous faillîmes la photographier. Notre devoir nous rappelant
bien vite à l’ordre, nous accélérâmes rattrapant les minutes perdues, oubliant
bien vite cette ronde tour.
C’est au bout d’une vingtaine de kilomètres que, harassés,
accostant une motocyclette nous doublant, nous demandâmes grâce et indications.
La jeune fille sous son casque souriait. Plutôt, elle riait tellement que
cela en était gênant. Les yeux brouillés par les larmes de son éclat, entre
deux respirations, elle nous demanda comment nous eûmes connaissance de ce
pont. La question incongrue, valut le détour, lorsqu’elle nous mit au parfum.
Sincères, nous présentâmes notre carte routière, précisant l’emplacement de
l’édifice du génie civil. D’hilare, elle passa à incrédule : le changement
est surprenant. Le génie militaire, souvent mécontent des avancées de son
homologue pacifiste, avait, en 1944, organisé, en l’honneur de la défaite
allemande, une petite sauterie d’obus dans le coin. Le monument nautique non-identifié,
que nous avions croisé, le prenant pour une tour, était ce qui restait de
l’ouvrage détruit, une pile du pont. Comme il était prévu de le reconstruire,
le jour où wallons et flamands s’entendraient, les mairies locales avaient
obtenu que le tracé ne soit effacé d’aucune carte. Ainsi, deux imbéciles venaient
de faire un nouveau détour de quarante kilomètres, par ignorance, démontrant
que la connaissance n’élève pas uniquement l’esprit, mais aussi les performances
sportives.
Reprenant le long cours tranquille de notre fleuve, en sens inverse cette
fois-ci, pour poursuivre notre véritable itinéraire, nous abandonnâmes l’idée
d’une restauration, préférant récupérer notre retard.
Les jours suivants s’égrenèrent normalement, sans incidents
majeurs. La chance avait même été au rendez-vous, tapissant les bas côtés
de cèpes énormes, que les Hollandais ne mangeait plus, depuis Tchernobyl.
Etant français, nous étions immunisés, puisque nos douaniers avaient arrêté
le nuage atomique à la frontière, le laissant s’engourdir dans les plaines
de la Ruhr allemande. Les canaux néerlandais, de plus en plus petits, offraient
de romantiques ballades à quelques barques de touristes et de splendides vaches
laitières en mal de train. Pourtant ce n’était pas ces chiens jaunes des Pays-Bas,
aux bruits assourdissants et au confort de renommé international qui manquaient.
Nous avions depuis longtemps dépassé Hilversum, dans la lointaine
banlieue d’Amsterdam et plongions sur Apeldoorn, a travers les landes d’Epée,
aux couleurs des garrigues, aux senteurs de Provence. Ce Parc Naturel de Hollande,
à quelques encablures du Kröller Müller Muséum où reposent de nombreux Van
Gogh, dépaysait, tant étaient loin ces prairies arrosées, ces moulins et autres
idéalisations « goudatesques ». Nous devions remonter pour entrer au Flevoland.
Notre première traversée nous avait amenés, alors que nous cherchions à dormir,
dans un magnifique camping à la ferme, bordés de larges fossés d’eaux claires.
Des paysans, à la ferme impeccable, nous accueillirent avec chaleur, nous
étions leurs premiers visiteurs, le service venant d’ouvrir. Notre court séjour
nous avait à un tel point enchanté, que nous nous étions décidés à retenter
l’expérience. C’est au jugé et aux souvenirs que nous retrouvâmes son emplacement.
Il était fermé. La mésaventure nous contrariant, nous poussâmes plus loin,
avisant une habitante sur l’opportunité de cette fermeture. Décidément, plus
nous montions au Nord, plus ces gens semblaient prendre de l’avance sur le
temps. A nouveau, nous fûmes dévisagés avec intérêt.
Nous étions comme les Visiteurs, sortis d’une autre époque,
atterrissant dans un siècle que nous n’aurions dû connaître. Les propriétaires
avaient quitté la Hollande pour le proche Canada, abandonnant lâchement leurs
clients français. Dépités, nous cherchâmes encore et encore. La nuit tombait.
Nous naviguions entre chien et loup. C’est alors que, dépassant une cycliste
pressées, sur une large route, nous fûmes tous deux frappés par la même intuition.
Ralentissant le pas, pour la laisser revenir à nous, nous lui adressâmes un
large sourire, qu’elle nous rendit poliment, et devisant du temps et des panneaux
routiers, ce qui constituait à peu près la totalité de notre vocabulaire néerlandais,
nous l’avisâmes de notre recherche. Charmante, elle nous donna deux pistes,
tout en nous précisant que vue l’heure, et la date, il était fort probable
que tout serait fermé. Notre menton tomba soudain à terre, effarés de la nouvelle.
Voyant notre mine déconfite, elle s’éloigna en nous disant que si nous ne
trouvions rien, elle pouvait nous prêter son jardin pour la nuit. Mais dans
un souffle lointain, nous captâmes difficilement des bribes de l’adresse,
qu’elle nous lançait.
Notre chasse commençait enfin. Entamant un sprint, peu recommandé,
nous franchîmes la digue de tout son long en quelques minutes. Soudain, un
panneau « Camping » nous arrêta, brusquement, laissant un nuage de poussières
en suspend nous rattraper. Le visage éclairé de toutes les joies que procure
l’état de repos, après cent cinquante kilomètres de routes venteuses, nous
appuyâmes sur la clenche de la barrière qui fermait le terrain. Mais, elle
ne céda pas. Une chaîne, d’ailleurs, ornée d’un menaçant cadenas, invitait
l’étranger à passer son chemin.
La deuxième piste menant également à une impasse, nous nous
retrouvâmes au point de départ, à l’endroit même où nous avait quitté cette
inconnue. Nous allâmes donc à sa rencontre, scrutant les alentours, les jardins,
les maisons, n’ayant pas bien compris le nom de la rue - De-Bowleunhertenboschsvreij
- ou quelque chose de cet ordre, avec l’accent.
Mais devant sa porte nous attendait notre héroïne, qui savait
pertinemment que nous ferions choux blancs. Son astuce avait au moins l’utilité
de contrôler que nous cherchions bien un camping. Après s’être formellement
étonné de la fermeture des deux établissements, elle nous proposa de rentrer
nos vélos dans son garage, la pluie commençant à tomber. Debout dans son salon,
les bras ballant, les jambes reproduisant mécaniquement l’effort de la journée,
les yeux rougis de vent, de fatigue, nous restions cois. Que faire !
Elle était jeune physiquement, montrant l’aptitude hollandaise
à l’effort cycliste. Charmée de notre balourdise, elle nous invita à nous
assoire et nous offrit à chacun un grand verre de lait chaud. Le ventre gargouillant,
réclamant son due, fit soudain la révolution, voyant le mépris calorique que
nous lui réservions. La conversation s’engagea, simplement, sommairement.
De fils en aiguilles, notre périple détaillé, nous vinrent à faire plus ample
connaissance. C’est alors, un sourire au coin des lèvres, qu’elle nous annonça
la particularité de ce jour. Elle vivait seule depuis longtemps, célibataire.
Elle fêtait ce soir son quarantième anniversaire. L’idée que deux inconnus
perdus puissent partager son gâteau, l’enchanta. Nous n’avions cependant pas
grand chose à offrir, n’ayant nullement prévu cet imprévu. Embêtés, nous nous
consultâmes, et résolûmes de partager notre repas.
L’ordinaire sportif, n’est, de manière générale, pas spécialement
réputé pour sa qualité gustative, mais plutôt pour ses plâtrées quantitatives.
Et nos maigres provisions consistaient en nouilles chinoises déshydratées,
coquillettes, saucisson, gouda et chocolats belges, que nous finissions avec
économie, nous éloignant progressivement de la source d’approvisionnement.
Nous retrouvâmes, dans une poche de nos sacoches, un fromage de chèvre, que
nous avions emportés, à des fins de cadeaux, pour ceux qui nous rendraient
service, pensant que son fumet ravirait nos dévoués. La plupart tournèrent
de l’œil avant même de se fâcher, sentant, sous-jacente, une certaine ironie,
quant à la moyenne portée gustative de la production fromagère nationale.
Ainsi, ces succulents mets à la portée dynamisante, furent présentés en hommage
à la bonté et à l’anniversaire de notre logeuse. De même, elle sortit de son
frigidaire un gâteau crémeux, dégoulinant de future cellulite. Nous mélangeâmes
plats, alcools, conversations, langues et souvenirs. Le temps, après lequel
nous courions depuis le début, toujours en retard d’une information, venait
brutalement de mourir, le vide nous enveloppait, seul notre soudaine amitié
nous rapprochait. Nous saluâmes en fanfare la découpe du dessert et, une fois
les bougies soufflées, nous embrassâmes affectueusement pour commémorer la
nouvelle.
Nous parlions de nos voyages, de nos envies, de nos vies.
Elle écrivait, et n’habitait cette maison louée, que la période nécessaire
pour un roman, trouvant en ce lieu une sérénité inégalable. Nous nous étions
étudiants, en mal de records, d’aventures, de fatigues. Délirant, épongeant
les dernières bouteilles, je fus le premier à quitter la table pour le salon,
où un café chaud nous était servi.
Devinant sur nos visages, l’épaisse couche de l’effort, maquillant
nos cernes, d’un noir profond, elle profita de la douceur de cette soirée
pour nous offrir un véritable logis, un lit, un vrai lit, pour une nuit. Elle
savait le cadeau qu’elle nous faisait, ayant aussi, quelques années auparavant,
parcouru l’Europe en escargot. Enfin, nous ne ressentirions pas les ornières,
les trous de taupes et autres chardons, qu’une nuitée à la belle étoile procure.
Surtout, nous pouvions nous lever plus tard, n’ayant rien
à démonter et si peu à ranger.
Cette nuit fut, pour nous, la nuit la plus longue, tant nous
étions harassés, la veille. Et frais d’un repos salvateur, nous retrouvâmes,
le lendemain, notre amie devant un petit déjeuner, pour champions, ceux des
publicités mensongères de produits énergétiques. Engouffrant nos céréales,
nos tartines de pâtes à tartiner chocolatées, nos œufs et notre charcuterie,
noyés de café, une part du gâteau de la veille sous le nez, nous nous gavions
à n’en plus finir, regrettant de devoir quitter ce paradis, ce havre de paix,
qui nous avait été offert, cette nuit-là.
Mais le devoir étant ce qu’il est, nous nous embrassâmes
longuement, tendrement. De part et d’autre naissait un pincement, la mort
d’une amitié brève, mais heureuse. Les pistes interminables, balayées de bourrasques
de vent, nous semblèrent, par la suite, infranchissables. Nous gardâmes toujours
le souvenir de cette rencontre, des quarante ans de cette femme, que nous
ne revîmes jamais, le nom incomplet d’une rue, symbolisée par une croix gravée,
au stylo, sur une courbe, au milieu de la Hollande, indiquant sur la carte,
une halte dans notre itinéraire.
Notre course atteignit Underdendam, son but, le lendemain.
Nous n’avions pas gagné. Nous n’avions pas non plus perdu. D’autres arrivèrent,
certains avaient déjà abandonné. On nous donna un café sans goût, un pauvre
pan cakes, sans crème. Et quelques huiles du cyclotourisme et d’autres du
hameau nous saluèrent, vantant notre courage, récompensant les premiers, oubliant
de citer les derniers. Cela n’avait plus d’importance, on attendait les photos,
puis enfin le banquet.
Nous, nous étions dans les temps, mais surtout dans un autre
temps, dans une autre dimension, perdus dans les brumes hollandaises, sur
une digue mythique, à souffler les bougies.
Jérémie Pierre JOUAN. Paris, 2003.