En octobre. Peinture de Georges
Laugée. Huile sur toile.
1880. Musée de Boulogne-Sur-Mer. Présentée au Salon des Artistes Français de 1881 (acquis par l'Etat) avec une médaille de Troisième Classe, puis
au Salon de Vienne de 1882 et enfin à l’Exposition
Universelle de 1889.
Paysage inspiré de la
région de Nauroy et Saint-Quentin en Picardie. Peinture réaliste qui
donne ses lettres de noblesse à des sujets jusqu’ici considérés
de second rang par les peintres académiques. Dans
un paysage picard imaginaire Laugée montre la pénibilité des travaux des champs sur des chemins déjà détrempés par l’automne.
Témoignage de la vie paysanne au début du 20ème
siècle. Il y a deux versions de ce tableau. La seconde
version Dur Travail est un tableau autographe réalisé
plus tard. Sur la petite vignette on aperçoit deux personnages de plus, un garçonnet et une jeune fille marchant derrière le
père.
"Sur une route défoncée, au travers d'une plaine boueuse, s'avancent péniblement, de gauche à droite, plusieurs paysans. Une jeune femme en haillons, les pieds dans de gros sabots, une corde passée en bandoulière autour du corps, traîne une brouette chargée de gros sacs que pousse un vieillard. Derrière marche une autre femme, un panier au bras, entre une petite fille et un petit garçon. Sur le talus à gauche se dressent quelques meules. A droite, s'étend la plaine, nue et triste, sous d'énormes nuages menaçants. Signé à gauche: G. Laugée fils; à droite: 1881." Georges Lafenestre - Exposition des Beaux-Arts, 1881. Exposition des artistes Français vivants.
Dans le « Glaneur » du 17 mai 1881
Louis Albin commente ainsi l’œuvre : « Cette toile est fortement conçue et solidement exécutée. Traitée
largement, excellemment agencée, elle nous représente bien la
campagne automnale avec ses teintes bistres, son ciel doucement
gris et son calme majestueux. On vient de récolter des pommes de terre.
Toute la famille, sa besogne faite, retourne à la maison. Les personnages,
père, mère enfants – le père surtout et la grande
fille à la brouette – sont dessinés et campés avec
une science indéniable. Ils vivent. L’air circule largement dans
cette toile et le sol avec ses aspérités, ses
déformations, ses ornières où le ciel souriant se mire,
est d’une remarquable exactitude. On trouve bien de ci de là
quelques imperfections, mais elles sont presque invisibles dans l’ensemble
: il faut les chercher de parti-pris pour les trouver. »
Commentaire d’Olivier Merson dans le Monde
Illustré, 1881 : « Monsieur Georges Laugée intitule En octobre, une toile où
on voit une famille de paysans, - un homme, deux femmes, des enfants, - revenant
du champs où ils ont récolté les pommes
de terre. Nos gens marchent de trois quart, et se dirigent du fond vers la
gauche, sur un chemin rayé d’ornières, l’homme poussant
une brouette chargée des sacs qui contiennent la récolte ; une des femmes, courbée par l’effort, attelée à
cette pesante brouette, la halant devant ; l’autre un panier au bras,
et les enfants, derrière. Cela est net et franc et dénote une
éducation sérieuse. »
"En Octobre. C'est une petite scène d'une simplicité ravissante : la journée est finie, le vieux père pousse une brouette pesamment chargée de deux sacs et d'une buche. La fille aînée a passé une corde dans les montant de la brouette, et tire de son mieux pour soulager son père. Sa tête brune, un peu hâlée, est enveloppée d'un mouchoir rouge pointillé de blanc. Deux jeunes enfants viennent ensuite. Enfin, la mère ferme la marche, portant un panier. Tous ces personnages sont admirables de vérité et d'expression : l'auteur a évidemment soigné chaque détail, et aucun des traits ne porte à faux.
Quoi qu'on soit "En Octobre", la fraîcheur du coloris est parfaite et sur le ciel un peu sombre les deux meules de foin se détachent avec une énergie que généralement les artistes ne prennent pas la peine de chercher pour un fon de tableau." Le Journal de Saint-Quentin - 18 mai 1881.