Glaneurs : Peinture de Georges Laugée. Huile sur toile. Collection particulière. 1885. Salon des artistes Français de 1885. 95 x 130 cm.
La journée est finie, les moissonneurs reviennent vers les fermes portant quelques gerbes de blé. Belle évocation de la vie paysanne de la fin du 19è siècle en Picardie.
"Bien qu'il vive d'ordinaire à la ville, M. Georges Laugée ne cache point ses préférences pour les sujets rustiques, qu'il traite avec un sentiment profond de lu nature et une parfaite connaissance de la vie des champs.
Doué d'un véritable instinct pittoresque il sait donner tout de suite un air de tableau à ses moindres compositions. Regardez plutôt ses Glaneuses, et dites-moi si l'on ne jurerait point que ce cadre est une fenêtre ouverte sur la campagne du bon Dieu.
C'est le soir. Un calme auguste et une sérénité profonde et douce descendent du ciel sur la terre qui va s'endormir. Là-bas, tout près de cette meule dorée par les derniers feux du couchant, un robuste moissonneur goûte en paix le repos qu'il a bien mérité par les rudes labeurs de sa longue journée. Sur le devant du tableau, arrangées en beaux groupes, viennent à nous les glaneuses, héroïnes du tableau, portant sur leurs têtes ou dans leurs bras leur moisson de blonds épis.
On dirait une scène de la Bible tirée du Livre des Juges, quand Israël, cessant de guerroyer avec ses voisins, cultivait les sillons fertiles de la terre de Chanaan. Parmi ces filles jeunes et belles y a-t-il une cousine de Ruth pour aller dormir sur les pieds de Booz et devenir sa femme?
Il ne faut jurer de rien !
J ai loué plus d'une fois M. Laugée de savoir, comme Jules Breton et Feyen-Perrin, mettre en
lumière la beauté du type humain, et de nous montrer dans chacune de ses œuvres quelques jolies silhouettes féminines que, sans être un patriarche, on aimerait mieux voir entrer chez
soi que chez son voisin — pour le bon motif, entendons- nous bien !" Louis Enault - Paris-Salon 1885