© Collection Musée Gassendi, ville de Digne-les-Bains. Tous droits réservés.
Victor Hugo mort sur son lit : Peinture
de Désiré François Laugée. Huile sur toile, 2,094 x 2,63 m. 1885. Conservée
au musée départemental de Dignes-les-Bains.
Offerte en 1906 à ce musée par Madame Célestine
Laugée-Malézieux veuve de l’auteur.
Cette œuvre fut réalisée à partir
des esquisses faites dans la chambre mortuaire.
Ce tableau fut présenté au Salon
des Artistes Français de 1886 à Paris, à l'Exposition universelle Internationale de 1889 à Paris et à l'Exposition du Centenaire de Victor Hugo, à Besançon en 1902.
Il est commenté, comme suit, par Louis
Albain dans le « Glaneur » du 11 mai 1886
: « Une des toiles à sensation est le Victor
Hugo sur son lit de mort de notre vaillant maître Laugée.
On connaît, car la photo-gravure l’a
déjà popularisé, la disposition, la distribution de ce
tableau empoignant. Hugo, le Maître,
le Père est étendu, rigide, dans un lit à
colonnes. Son visage semble être auréolé par la Mort tant
il y a de majesté austère dans l’expression générale des traits, puissants, dans la saillie superbe de ce
front génial où dormaient encore tant de chefs-d’œuvre,
quand le doigt de marbre l’a touché. Au dessus du lit, comme
à portée de la main droite de celui qui fut par excellence le Poète, comme à ses pieds, des palmes de gloire s’entrelacent et des quantités de fleurs, en bouquets,
en couronnes, jonchent la couche mortuaire, mettant dans la tristesse blanche
du linge –un peu trop solide le linge ! – comme une note doucement
consolante. Hugo en effet, n’est pas mort. Son œuvre
reste idéalement radieuse pour l’enseignement des hommes. Derrière
son cadavre se lève une aube d’avenir ; la matière peut
disparaître à nos yeux dans ses milliers de transformations,
mais l’Idée reste. Et voilà pourquoi des regards qui se
voilaient en contemplant les traits funèbrement marmoréens du
Maître allaient se reposer, calmes, sur les fleurs
jolies que des mains pieuses avaient jetées sur son linceul. Le ressemblance
est frappante. M. Laugée, malgré sa douleur
poignante (il était très ami avec Victor Hugo)
avait pu prendre, le 22 mai 1885, jour de la mort, un croquis fort poussé. La face et la main droite – qui s’allonge,
à jamais glacée, le long du corps – sont magistralement
traitées ; le rendu est saisissant de vérité. Le fond
rouge de la tapisserie donne au sujet un très vif relief et nous retrouvons
dans l’exécution impeccable toutes les qualités
maîtresses qui font de Désiré Laugée un des plus brillants artistes de la pléïade française. Cette toile si remarquable à tous les points de vue
est un attendrissement et magnifique hommage pieusement rendu
par un des maîtres du pinceau à
Celui qui fut le grand maître de la plume,
de cette plume lumière qui à
travers les siècles futures, guidera l’Humanité vers le Grand, le Beau et le Vrai. »