La Mort de Zurbaran : poème réalisé
en 1839 par Désiré François Laugée,
peintre et poète. Le texte présenté est un fragment annoté
du poème original. Dans ce poème, Désiré
François Laugée annonce son intention de réaliser
ce tableau. Il tiendra sa promesse en 1850, en achevant le tableau éponyme.
Fragment de la mort de Zurbaran
Poème par Désiré François Laugée
Invocation.
Pardonne, ô Zurbaran ; ton nom que mon délire
Réveille de sa cendre, est trop lourd pour ma lyre ;
Il faut pour te chanter un accent immortel.
Mais peu t’importe à toi que la main qui t’encense
Soit celle d’un vieillard ou celle de l’enfance,
Pourvu qu’on prie à ton autel.
Parfois en m’animant aux récits de l’histoire,
Je tressaille et je rêve… et je rêve… la gloire !
Enfant, je fais des songes d’or.
Souvent de leurs tombeaux, héroïques décombres,
Je crois voir se dresser de séculaires ombres,
Des âges précieux trésor.
Ombre de Zurbaran, un jour, quand sur ma tête
Je te verrai venir, prends pour moi ta palette,
Arme ma faible main de ton noble pinceau ;
Je voudrais, héritant un peu de ton génie,
Sur un autre papier peindre ton agonie (1),
Et te ranimer du tombeau.
Désiré François Laugée.
(1) Ce poème a du être composé en 1839, à Saint-Quentin,
Désiré François Laugée ayant
alors environ 17 ans. Désiré François Laugée
a tenu sa promesse ; il a, en 1850, fait un tableau représentant –
La Mort de Zurbaran dessinant le Christ.
Ce tableau, peint à l’huile, fut acheté par le gouvernement
français et donné à la ville de Saint-Quentin
(Aisne), où on peut le voir au musée.