La bonne nouvelle ou. Magenta : Peinture
de Désiré François Laugée. Oeuvre exposée au Salon des Artistes Vivants de 1861, à l'Exposition Universelle de 1862 et à l'Exposition Générale des Beaux-Arts de Bruxelles de 1863.
Comme dans nombre des œuvres de Désiré
François Laugée, il y a dans cette toile un jeu d’ombre et de lumière parfaitement maîtrisé.
Une jeune fille apporte une lettre de bonne nouvelle à une jeune femme
perdue dans la douleur, dans l’ombre une femme âgée s’efforce
de ramener la souffrante à la raison. Belle composition des personnages .
Dans Le Monde, Le feuilleton des Beaux Arts, Claudius Lavergne écrit : « Après avoir
observé le travail des champs, Monsieur Laugée a pénétré sous un toit rustique. Il
y est entré juste au moment où venait d’arriver la Bonne
Nouvelle, une lettre du soldat de Magenta. Une jeune
fille tient cette lettre ; elle n’a pu lire qu’un mot, mais ce
mot, plein d’amour et d’espérance, a fait succéder
l’excès de la joie à de longues angoisses. La fille des
champs s’est évanouie ; sa tête blonde s’est penchée,
ses yeux sont pleins de larmes, et ses lèvres décolorées
et souriantes murmurent le nom de son fiancé. Elle revient à
la vie ; sa vieille mère, toute émue, et ne comprenant pas trop
comment la joie peut faire mal, s’empresse de la secourir, tandis que
sa jeune sœur, attentive, et joyeuse de lui voir ouvrir les yeux, se
presse contre elle, impatiente d’entendre lire enfin cette belle lettre
ouverte tout enluminée de drapeaux tricolores, et
qui certainement annonce une croix d’honneur.—On
a beaucoup goûté au dernier Salon la blonde
coloration des Sœurs de Charité, de Mme Henriette
Browne ; mais ici la grâce du dessin et l’intensité de l’expression s’unissent au charme du coloris. Diderot lui-même conviendrait qu’avec moins d’emphase
et un sentiment d’observation plus fin et plus vrai, nous sommes ici
plus près de la nature que Greuze, et partant plus
fort et plus beau.
Quant à toi, Ô réaliste, fils des dieux, élève de la nature, apôtre de l’avenir,
je n’ai rien à t’apprendre. Je sais que tous les praticiens, architectes ou manœuvres, sont égaux
devant la loi. Cependant, si tu veux m’en croire, et si l’abattoir
où ta muse t’enchaîne n’est pas
trop loin des champs que cultivent tes maîtres,
MM Breton et Laugée, vas les voir
: lève-leur ton chapeau, et pris les poliment de vouloir bien t’apprendre
leur secret. »
Dans le Feuilleton du Moniteur du 2 juillet
1861, Théophile Gautier commente ainsi ce tableau : « Nous n’aimons pas beaucoup la peinture sentimentale ; -- elle nous déplait presque autant que la peinture comique.
Cependant, la figure de la jeune fille évanouie dans La Bonne Nouvelle a une morbidesse charmante ; ne craignez
rien, elle va reprendre bientôt ses sens ; car la lettre, historiée
de cœurs et de drapeaux, et datée
de Magenta, lui dit que son fiancé a passé
intact à travers la grêle des balles. »
Louis Brés commente ce tableau lors
du Salon de 1861 : « Le sentiment est, par excellence, la qualité de
M. Laugée. Il déborde dans La Bonne
Nouvelle. Combien on est ému en voyant cette blonde paysanne que le bonheur secoue et ploie à la nouvelle des hauts faits de son
fiancé ! Que de poésie dans cette scène intime ! »
Je crois faire un compliment à M. Laugée, (un élève de M. Picot) en disant qu'on trouve presque autant de sentiment et comme une parenté de style dans sa Bonne nouvelle. C'est une jeune fille malade, blanche comme l'oreiller qui la soutient, et sur le ravissant visage de laquelle s'épanouit un indéfinissable sentiment de bonheur à la nouvelle du succès de Magenta. Il faut croire qu'elle y a quelque intérêt de cœur. Le sujet n'est pas très clair ; mais la jeune fille est délicieuse d'expression. Ferdinand de Lasteyrie - La Peinture à l'Exposition Universelle de 1862.
Gravure publiée par le Monde Illustré de 1861.