Portrait d’Henri Martin en pied : Peinture
de Désiré François Laugée. Huile
sur toile. 1886-1888. Conservé à la Préfecture
de l’Aisne à Laon. Tableau présenté à l'Exposition universelle Internationale de 1889 à Paris. Commande pour la salle des séances du Conseil Général du Département de l'Aisne.
Commentaires extraits
du « Glaneur ». Sous la plume de G.D.
: « …dès que le Conseil Général de
l’Aisne, pendant sa dernière session,
eut décidé d’orner se salle de délibérations du portrait en pied de son ancien et tant regretté
président, c’est à M. Désiré
Laugée que, naturellement, sans discussion et d’acclamation,
il a était confié le soin de faire revivre l’austère
figure d’Henri MARTIN.
L’œuvre est presque terminée. Comment voulez-vous
que le portrait d’Henri Martin par Désiré Laugée – ces deux amis
qui vécurent côte à côte – ne soit pas un
chef-d’œuvre, puisque le grand artiste y mettra tout son talent et tout son cœur. Dans
le « Glaneur » du 24 juillet 1888, Louis
Albin commente : « Le peintre Désiré
Laugée avait invité, hier, les amis de l’illustre
et regretté Henri Martin, à venir voir, dans
son atelier du boulevard Lannes (à Paris),
le portrait du célèbre historien,
destiné au Conseil Général de l’Aisne.Henri Martin est représenté debout. D’une
main, il presse sur son cœur un volume de son Histoire de France,
cette œuvre qui fera sa gloire éternelle ; l’autre
main désigne sur une carte de France, les provinces perdues en 1870, et tant pleurées par lui.
La tête vénérable, est robustement modelée et la
ressemblance saisissante. Le regard clair et loyal du cher grand patriote
rayonne de bonté et de fierté. Sous la longue redingote apparaît,
vraie, l’anatomie du corps. M. Laugée a été
visiblement félicité par la famille et les amis de celui qui
fut son affectionné compatriote de l’Aisne,
la petite patrie.
Ce portrait est sans contredit un des meilleurs que nous
connaissons de l’éminent maître de Nauroy.
Le portrait fut installé dans la salle des
délibérations du Conseil Général
de l’Aisne le 26 août 1888. C’est à
Monsieur François Ferdinand Malézieux que revenait
de droit l’honneur de prononcer le panégyrique de son vieil ami. On peut dire que l’orateur a été
pour la peinture morale du grand caractère d’Henri
Martin, ce qu’un autre ami, le peintre, avait
été pour le portrait matériel. »
Aussi l'estime, le respect et l'admiration de tous nos compatriotes sont-ils acquis à M. Désiré Laugée ; et, dès que le Conseil général de l'Aisne, pendant sa dernières session, eut décidé d'orner sa salle de délibérations du portrait en pied de son ancien et tant regretté président, c'est à lui que, naturellement, sans discussion et d'acclamation, i a confié le soin de faire revivre l'austère figue d'Henri Martin.
L'œuvre est presque terminée. Comment voulez-vous que le portrait d'Henri Martin par Désiré Laugée - ces deux amis qui vécurent côte à côte - ne soit pas un chef d'œuvre, puisque le grand artiste y mettra tout son talent et tout son cœur ?
Georges Demenghem.
L'inauguration du portrait d'Henri Martin.
Mercredi, à deux heures de l'après-midi, dans la salle des séances du Conseil général de l'Aisne, a eu lieu l'inauguration du portrait de notre historien national.
La toile due au pinceau de M. Désiré Laugée est une œuvre de tous points remarquable. Henri Martin est représenté debout tenant de la main droite et appuyant contre la poitrine un volume de cette histoire de France, de laquelle on peut justement dire qu'elle ne fait pas seulement la gloire et notre compatriote, mais qu'elle a ajouté quelque chose à celle de la grande patrie qu'il a tant aimée. L'index de la main gauche s'appuie sur une carte de France au niveau de la tache noire qu'y forme l'Alsace-Lorraine momentanément séparée.
On sent en face de ce portrait qu'il n'est pas seulement l'œuvre d'un grand artiste, mais aussi celle d'un ami.
M. Laugée, ami personnel de notre glorieux compatriote y a mis de son cœur autant que de son talent.
La cérémonie était présidée par M. Waddington ; M. Henri Martin fils, assis à la droite de M. le Préfet, assistait à ce touchant hommage rendu à la mémoire de son père.
En dehors des membres du Conseil Général nous avons remarqué dans l'assistance, MM. Lesguillier et Doumer, députés de l'Aisne, Gras-Brancourt et Dussaussoy, adjoints au maire de Laon, le docteur Rousseau, conseiller municipal, le colonel Arvoeuf, directeur du génie, le commandant de gendarmerie Bourlois. MM. Berhaud, vice-président du tribunal et Michel, substitut. Les sous-préfets de Vervins et Saint-Quentin, Rouiller et Beaucaire, conseillers de préfecture ; Zeller, inspecteur d'Académie, Houille, directeur des postes et télégraphes, Dubois, inspecteur des forêts; Ermant, architecte départemental, les docteurs Virret, directeur de l'hospice de Prémontré, Gernier, directeur de l'hospice départemental de Montreuil.
C'était à M. Malézieux que revenait de droit l'honneur de prononcer le panégyrique de son vieil ami. On peut dire que l'orateur a été pour la peinture morale du grand caractère d'Henri Martin, ce qu'un autre ami, le peintre, avait été pour le portrait matériel.
Le Glaneur de St-Quentin - Août 1888.